Pour un Suédois, l’exercice physique occupe une place de premier ordre, quel que soit l’âge et le sexe. Les salles de sport ou gym sont inévitables dans les rues de Stockholm. Poussés par votre curiosité (ou l’abonnement pris en charge par votre entreprise), vous franchirez un jour ou l’autre la porte de ce monde à part…
1- Ton look, tu soigneras : les miroirs tapissant les murs ne sont pas là que pour contrôler votre posture en plein effort. Au pays des apparences, pas question de faire du sport en look Gym Tonic des années 80, vous allez à la gym comme au bureau, avec baskets dernier cri, coiffure impeccable et maquillage. Certains sportifs passent plus de temps à se recoiffer et admirer leur reflet qu’à soulever des poids… vous êtes prévenu.
2- Tes complexes, tu oublieras : vos abdos en tablette de chocolat sont cachés par quelques abus de fika ? Regardez autour de vous, vous n’êtes pas le/la seul(e). Evitez le côté obscur de la gym — la zone des appareils de musculation — réservé aux fanatiques et préférez rameurs, elliptiques et cours collectifs… Non, la salle de gym n’est pas réservée aux corps parfaits. Oui, pire que toi, tu trouveras.
3- Du viking moderne, tu te moqueras : vous remarquerez ce stéréotype vivant du mâle suédois adepte de la muscu, grand, beau, avec des yeux clairs perçants, une barbe parfaitement taillée, un corps musclé recouvert de tatouages, de la lumière dans ses cheveux blonds (#Edith Piaf) mais qui… attache ses cheveux en palmier avec un chouchou rose ridicule (emprunté à sa copine ?). Dur d’être un viking coquet en 2017 !
4- Des orgasmes, tu entendras : certains « Monsieurs Muscles » expriment leur souffrance — ou plus exactement prennent du plaisir à exprimer leur souffrance — bruyamment, à grand renfort de souffles saccadés, de petits gémissements, et bien sûr d’un cri de jouissance en apothéose, une fois le poids soulevé. Le ridicule ne tue pas, mais peut toujours vous amuser (en silence merci).
5- La mamie, tu ne jalouseras pas : sachez que les Suédois sont sportifs, à tout âge. Vous ravalerez votre fierté lorsque cette dame au moins sextagénaire ramera effrontément plus vite que vous. Vous lui souhaiteriez presque un malaise si vous étiez sûr de ne pas avoir à la réanimer par bouche-à-bouche.
6- Les appareils, tu astiqueras : vous devrez d’abord utiliser vos muscles pour désinfecter au mieux les appareils. Notamment après le passage de ce sportif assidu, qui ne comprend pas qu’il ne faut pas nettoyer les appareils avec la même serviette qui lui a servi 5 secondes plus tôt à essuyer les torrents de transpiration sur son front et son torse.
7- La pièce du boucher, tu choisiras : lisez bien les étiquetages sur les appareils, façon viande en barquettes au rayon boucherie. Quel morceau allez-vous choisir de travailler aujourd’hui ? Travers ou poitrine ?
8- Ton body, tu bougeras : vous n’êtes pas motivés à l’idée d’enfiler des perles, pardon des poids sur une barre, ou encore courir comme un hamster sur un tapis ? Essayez le Bodycombat, Bodyjam, Bodybalance, Bodypump, Bodyattack… des noms barbares pour des cours collectifs qui vous feront brûler des calories et raffermir vos fessiers — si besoin — au rythme d’une musique techno (prévoyez éventuellement des bouchons pour vos oreilles) et de la voix tyrannique du coach ! Et pourquoi ne pas rester en forme en s’amusant et se relaxant avec les cours de danse et de yoga (pour ce dernier, mieux vaut comprendre le suédois pour ne pas vivre un grand moment de solitude).
9- Tes conseils de coach, tu garderas : vous réfrénerez votre envie de proposer à cette jeune femme d’augmenter la vitesse de son tapis de course réglé au minimum ; même dans la rue elle marche plus vite, sans se rendre compte qu’elle brûle des calories. Non seulement elle monopolise un appareil pour rien, mais en plus elle vous casse les oreilles en discutant au téléphone avec sa meilleure amie, qui est certainement sur un autre tapis de course, réglé à la même vitesse, à 1 km de là.
10- Aux protéines, tu ne succomberas pas : vous vous demanderez quelle est cette poudre, négligemment répandue sur les bancs des vestiaires et formant une bouillie dégoûtante dans les lavabos des vestiaires… Il s’agit de la potion magique des mâles aux muscles saillants, disponible en saveurs supposées alléchantes : cheesecake fraise, caramel beurre salé, banana split, tarte à la pomme et bien entendu kanelbulle !
Lisez ou relisez les précédents 10 commandements :
Mais alors pourquoi un tel souci de l »hygiène et du corps?
Les Suédois aiment beaucoup être dans la nature, et donc faire des activités dans la nature. Nombre sont ceux qui font du vélo et de la course à pied. L’hiver, c’est plus difficile, et donc on va à la gym. Il y avait eu début du XXème siècle un mouvement, appelé le « friluftsvitalism » (le vitalisme de plein-air), qui fit pas mal d’émules. De là vient aussi, entre autre, leur rapport à la nudité. Ce courant se retrouve également dans la littérature et les beaux-arts (par exemple les peintures d’Eugène Jansson ou d’Anders Zorn). Les JO de 1912 à Stockholm semblent avoir joué un rôle important aussi. Et à voir le nombre de salles de sport qui ne cessent d’ouvrir, c’est une mode qui a l’air de tenir. 🙂