La Suède en kit vous propose dans sa série Kultur’Elles, de découvrir celles qui ont fait l’Histoire de la Suède, des femmes fortes et puissantes, influenceuses de leur temps dont l’empreinte politique, sociétale ou artistique ont marqué et façonné le pays.
De nombreuses rues et établissements scolaires portent le nom de cette pionnière suédoise du féminisme, son œuvre littéraire est redécouverte et analysée. Autrice à succès du genre réaliste, grande voyageuse et figure de proue de la lutte pour le droit des femmes, notre première femme puissante est l’écrivaine Fredrika Bremer.
Fredrika Bremer naît en 1801 dans une famille aisée et reçoit l’ ducation d’une jeune fille de la société. Ses gouvernantes lui enseignent les langues, la musique et le dessin, mais Fredrika aspire à participer aux conversations intellectuelles au même titre que les hommes. Elle obtient de son très rigide père l’autorisation d’étudier la religion et la philosophie.
Dans ses livres, Fredrika décrit la position injuste des femmes dans la société et ses écrits influencent les dirigeants.
En 1828, à 28 ans, elle débute de manière anonyme avec « Dessins de la vie quotidienne ». Appréciée de ses contemporains, l’œuvre de Fredrika Bremer est rapidement traduite en anglais, allemand et français. Dans l’histoire littéraire suédoise, elle est considérée comme l’une des mères du roman réaliste. Ses livres les plus lus de son vivant et traduits dans la langue de Molière sont :
- Le foyer domestique ou Chagrins et joies de la famille / Tableaux de la vie privée. Les Voisins, 1846
- Les filles du président : nouveaux tableaux de la vie privée, 1847
- Le Voyage de la Saint-Jean, un pèlerinage, 1855
- Hertha, ou L’histoire d’une âme, 1856
L’écrivaine fait – seule – un long voyage aux États-Unis et à Cuba en 1849-54, et écrit des lettres à sa sœur Agathe, publiées dans La Vie de famille dans le Nouveau-Monde (1853).
Fredrika Bremer s’engage socialement : c’est une ardente défenseure des droits des femmes dans la société. Elle plaide pour un meilleur accès à l’éducation pour toutes les filles. Indignée de la position des femmes célibataires, sans droits civils ni possibilités d’éducation dans la Suède de l’époque, elle publie son roman réaliste Hertha ou l’histoire d’une âme en 1856. Hertha Falk, une femme de la haute société tyrannisée par son père, fait la connaissance d’Yngve Nordin, un jeune ingénieur ferroviaire qui représente l’homme du futur. Le combat pour une nouvelle société commence, au sens figuré comme au sens littéral. Ce livre ouvre le débat sur la « question de la femme » et contribue à la formation de l’opinion pour la loi qui donne aux femmes le droit de devenir majeures à l’âge de 25 ans en 1858 et instaure un âge minimal de mariage. Son roman soulève la question de l' »université des femmes » et une école d’État pour la formation des femmes enseignantes, est fondée en 1861.
Fredrika résiste quant à elle à la pression familiale et ne se marie pas. Elle s’implique activement dans des associations afin d’améliorer les conditions des prisonniers, des personnes âgées et des enfants. Elle participe à l’organisation du mouvement féministe suédois qui obtient le droit de vote des femmes pour les élections municipales en 1862.
Après la publication de Hertha ou l’histoire d’une âme, Fredrika voyage seule en Suisse, en Belgique, en France, en Italie, en Palestine et en Grèce et continue d’écrire. En 1865, Bremer s’installe définitivement au château d’Årsta dans la banlieue se Stockholm. Elle écrit un article émancipateur sur le dernier amendement constitutionnel. Dans La réforme de la représentation et la femme, elle suggère que les femmes doivent aussi avoir une place au Riksdag (le parlement suédois). Elle ne verra jamais l’article imprimé. Après la messe de Noël en 1865, Bremer attrape un rhume et meurt d’une pneumonie le matin du Nouvel An.
Pour en savoir plus:
Il est possible de visiter le château d’Årsta, demeure de Fredrika Bremer.
Fredrika Bremer Förbundet, créée en 1884, est la plus ancienne organisation de défense des droits des femmes en Suède. L’association défend également les droits des LGBT dans un féminisme libéral inclusif et progressiste. Pour faire connaître la vie et l’œuvre de Fredrika Bremer, l’association a aussi pour mission de soutenir des femmes lors de leurs études, par l’octroi de bourses.
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