Son corps est son moyen d’expression et la raison d’être de son métier ! Pour être toujours au meilleur de ses performances, elle s’entraîne quotidiennement, pointes aux pieds, pliés, arabesques et développés, devant les miroirs des salles de l’Opéra Royal de Stockholm. Sur scène, elle est une gracieuse petite fée, un flocon de neige aérien ou le radis noir de Mats Ek. Notre sylphide montpelliéraine incarne le rêve de toutes les petites filles, elle voulait devenir détective ou pompier, Elisa Fossati est danseuse à l’Opéra Royal de Stockholm.
La Suède en Kit : Pourquoi et comment es-tu arrivé en Suède ?
J’ai commencé la danse à Montpellier, puis j’ai rejoint l’École de Rosella Hightower à Cannes, suivi un cursus classique et contemporain et passé mon bac ES. Après Cannes, direction Paris, au Conservatoire National Supérieur de la Danse. Je réussis l’audition et part danser grâce au Junior Ballet au Monaco Dance Forum, j’ai 19 ans. La maîtresse de ballet de l’Opéra de Stockholm me remarque et me propose un contrat d’un an au Ballet Royal de Suède.
En août 2008, je pars donc pour la Suède. Je ne connais ni le pays, ni la culture, ni la compagnie. Au début, je suis un peu perdue. Heureusement, pendant que je danse, j’ai l’aide de ma mère qui vient régler pour moi les problèmes logistiques bien connus de ceux qui viennent s’installer à Stockholm : appart et paperrasserie. Mon anglais étant plus que balbutiant à cette époque, les premiers temps sont difficiles, mais mes collègues venus du monde entier sont bienveillants et je m’acclimate et me plaît à Stockholm. Surtout que cette première année, nous partons en tournée en Chine et je travaille avec le grand chorégraphe suédois Mats Ek.
Après trois renouvellements de contrat, je suis maintenant titulaire mi-soliste. Je n’ai pas spécialement de plan de carrière ; pour moi, la danse, c’est la joie d’être sur scène, servir les chorégraphies, entrer dans un rôle et transmettre une émotion au public. C’est très intense, cette communion entre la musique, la danse et les spectateurs. J’ai adoré danser dans Roméo et Julia mais aussi être Olga dans Eugène Onéguine de Tchaïkovski et interpréter une chorégraphie contemporaine de Prejlocaj dans Les Noces.
Pour les fêtes de fin d’année, nous donnons Alice au pays des merveilles, un ballet avec de nombreux tableaux. J’y ai le rôle d’une servante, incarne une carte de carreau et danse une fleur. Les décors et les costumes sont magnifiques.
Sinon, je m’acclimate si bien à Stockholm que je remarque parmi les danseurs un splendide Biélorusse qui devient mon compagnon et le papa de notre petit garcon en 2014. Nous alternons tournées en Suisse, aux Etats-Unis, en Espagne, en Allemagne et nos représentations. Mon anglais s’étant très nettement amélioré, puisque c’est ma langue de travail, j’en profite pour devenir déléguée syndicale pour les 68 danseurs du ballet à Teaterförbundet. J’apprends la réglementation et les lois du travail, c’est vraiment intéressant. En fait, je ne parle suédois qu’au dagis de mon fils.
La Suède en kit: Où seras-tu et que feras tu dans 5 ans/10 ans ?
Dans 10 ans, j’aurai 40 ans et pour nous c’est l’âge de la reconversion ; les danseurs partent en retraite entre 37 ans et 43 ans. J’y pense déjà. Nous avons un fond de pension qui nous permet de nous recycler en nous payant une formation. Nous devons travailler encore une vingtaine d’années pour avoir une retraite complète. Nous rentrerons peut-être en France pour y ouvrir une école de danse, mais je me vois bien évoluer dans le milieu artistique au niveau des relations presse … J’y réfléchit.
Soyez le premier à commenter