Un photographe sans appareil-photo, qui, dans ses photos, révèle ce que l’humain ne peut voir à l’oeil nu. Voilà le défi, technique et artistique, que Nick Veasey relève avec succès ! Vous pourrez découvrir ses photos au Fotografiska jusqu’au 18 février.
Dépasser les apparences
Nick Veasey va au-delà des apparences en photographiant avec la technique des rayons X. Dans son studio en béton, perdu dans la campagne anglaise, et derrière sa porte coulissante en métal de plusieurs centaines de kilos, il transcende ses motifs et ses modèles et en révèle les détails les plus intimes. Techniquement, cela demande bien sûr de la précision, des temps de pause relativement longs pour obtenir des photos suffisamment détaillées et un traitement numérique à posteriori pour, dans le cas des grandes compositions, assembler plusieurs photos en une seule.
Le photographe dit lui-même avoir évolué au fil des années de la photo relativement simple, avec de petits objets, pour apprendre à maîtriser la technique, à une photo de plus en plus expérimentale et artistique, pour tester les limites, techniques et artistiques, de la méthode. C’est ainsi qu’il est passé de la paire de chaussures de foot aux voitures voire au bus entier rempli de passagers, assis, debouts, le sac à main posé au pieds. Rassurez-vous, les modèles peuplant les photos de Nick Veasey ne sont en fait que des squelettes. Aucun être humain n’a été maltraité dans le processus !
Poésie et humour
La plupart des photos sont sur fond noir et elles semblent éclairées par derrière comme pour des radios médicales. Mais dans le cadre d’un projet avec le Victoria & Albert museum, Veasey a également photographié une partie des collections de mode, puis retravaillé les photos pour les obtenir en noir sur fond blanc. Le détail des dentelles est saisissant de perfection. Les robes Balenciaga révèlent leurs baleines ou une aiguille oubliée dans un ourlet par la couturière. Ces photos, tant œuvres d’art que documentaires, ont ainsi permis aux conservateurs du musée d’élargir leurs connaissances sur certains objets de leurs collections.
La section photo animale et végétale est quant à elle en couleur sur fond noir. Les pétales de fleurs d’hibiscus, de lys, de tulipes et de pivoines, diaphanes et légères, semblent flotter comme des anémones sur une barrière de corail.
La dernière partie de l’exposition est plus joueuse grâce à des références artistiques, comme l’hommage à Magritte, Dalí et Duchamp. Elle force également le spectateur à se plonger dans le detail des entrailles explicites d’un smartphone qui a dû demander un traitement postopératoire monstrueux.
Le saviez-vous ?
Image rayon-X en suédois se dit röntgenbild, du nom du physicien allemand Wilhelm Conrad Röntgen qui a découvert et mis au point la technique à la fin du XIXème siècle et qui reçut pour cela le tout premier prix Nobel de physique en 1901.
Également au Fotografiska en ce moment :
– Hygiene – A Circle of Life, des photos de la Suédoise Ida Borg qui sensibilisent aux questions d’hygiène dans le monde entier (jusqu’au 31 janvier).
– Fearless & Fabulous, des photos de Chen Man, jeune photographe de mode chinoise qui crèvent littéralement l’écran avec ses couleurs vives et son fini esthétique parfait (jusqu’au 4 mars).
– Silent Land, des photos de la Suédoise Åsa Sjöström qui a suivi le quotidien d’une fratrie pauvre de Moldavie, laissés à eux-mêmes pendant que leurs parents tentaient de gagner leur vie à l’étranger (jusqu’au 4 février) .
Informations pratiques
Nick Veasey. Inside Out, jusqu’au 18 février 2018
Quand ? du dimanche au mercredi de 9h à 23h, du jeudi au samedi de 9h à 1h.
Quel prix ? 145 kr plein tarif, 115 kr tarif réduit (étudiants et retraités), gratuit pour les moins de 12 ans.
Où ? Fotografiska, Södermalm, Stockholm
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