Un pénis bleu sur fond jaune de plusieurs mètres de haut orne la façade d’un immeuble sur l’île de Kungsholmen, à Stockholm, depuis mercredi 11 avril. C’est l’œuvre de la graffiteuse suédoise Carolina Falkholt qui veut ainsi mettre sur la place publique le débat sur le corps, la sexualité et la liberté… Pari réussi !
Une graffiteuse qui aime les chattes et les pénis
Carolina Falkolt n’en est pas à sa première tentative de graffiter un phallus géant sur une façade, mais compte désormais sur l’ouverture d’esprit des Stockholmois pour que celui-ci reste visible pendant six mois. En effet, en décembre dernier, le pénis rose qu’elle peignit à New York fut recouvert d’une couche de peinture en moins de 48 heures… trop choquant pour le public américain ! Cachez cette verge que je ne saurais voir.
L’artiste, qui porte le pseudonyme Blue dans les cercles de graffiteurs, est née en 1977 à Göteborg. Depuis la fin des années 1990, elle a pour ambition de développer l’art graffiti en l’alliant à la musique et à des performances.
L’univers graffiti est trop masculin pour elle et elle se l’approprie en parlant de son art avec un nouveau mot : « grafitta », où fitta désigne ni plus ni moins le sexe féminin, la chatte… un motif qui revient d’ailleurs souvent sur d’autres de ses peintures murales, entre autre dans un collège de Nyköping. Carolina Falkholt espère ainsi apporter à l’art graffiti une nouvelle sensibilité et vulnérabilité. En peignant ces motifs dans l’espace public, elle souhaite faire participer son public à un récit collectif sur des sujets intimes, mais essentiels.
Le pénis de la discorde
Notre pénis bleu géant, au réalisme frappant avec ses veines apparentes et sa forme légèrement courbée, suscite des réactions immédiates très variées, avant tout amusées, dans la rue et sur les réseaux sociaux. Johan Jureskog, chef cuisinier du restaurant voisin AG, trouve la peinture, intitulée Fuck the World, « très belle, très colorée, mais tient à souligner qu’il n’a rien à voir avec ». Certains y voient les couleurs du drapeau suédois. D’autres en profitent pour rappeler l’histoire du logo du parti des Libéraux, un L bleu phallique qui provoqua la risée lors de sa présentation il y a deux ans. Quelques voix sceptiques s’élèvent en raison de la proximité d’une école maternelle et un politique local (Sverigedemokrat), clairement choqué, a d’ores et déjà demandé que la peinture soit supprimée.
Face aux critiques, l’artiste répond que les gens « devraient se demander ce qui les met en colère, puis en parler. Le sexe est quelque chose de central, mais ça a toujours été sale d’en discuter ».
Y a-t-il une différence entre un pénis peint par un artiste ou un tag sur une poubelle ou un arrêt de bus ? Pourquoi certains considèrent une représentation de pénis ou de vagin, ou de menstruations, obscène ? Le but de l’art n’est-il pas de poser des questions ?…
Edit : Le propriétaire de l’immeuble, Atrium Ljungberg, a déclaré que le mur sera repeint d’ici une semaine, pour respecter le souhait des riverains : « La culture et l’art sont importants dans le développement de milieux urbains intéressants. Nous défendons bien sûr la liberté artistique mais nous devons aussi respecter l’opinion des riverains. En laissant l’oeuvre sur le mur une courte période, nous laissons la possibilité à ceux qui sont intéressés de venir l’admirer. »
Le collectif d’artiste, Kollektivet Livet, à qui Atrium Ljungberg à donner la responsabilité de décorer le mur, n’a pas pour habitude de discuter du choix des motif des fresques ; c’est ainsi que tout le monde à découvert cet énorme pénis en même temps.
Sujet philosophique du jour : L’art doit-il servir à se poser des questions ? Vous avez 4 h 😀 !!! Blague à part, excellent article 🙂
Merci Jenny ! 🙂