Vous cherchez une idée de cadeau très suédois ? Pourquoi ne pas offrir un dalahäst ? Mais oui, cette figurine en bois traditionnelle de la région de Dalécarlie, en forme de cheval, avec ses jolis motifs traditionnels ! Le cheval de Dalécarlie — dalahäst en suédois — est le symbole de sa région mais également de la Suède toute entière. Et depuis quelques années, cet objet artisanal n’a pas qu’une valeur sentimentale dans le cœur des Suédois…
Naissance d’un mythe
Au départ, il s’agit d’un jouet, taillé grossièrement à l’aide d’un simple couteau dans une chute de bois brut. Pourquoi la forme d’un cheval ? Parce qu’en ces temps reculés, en posséder un était considéré comme un signe de richesse. Ce sont les pères souvent qui taillaient ces jouets pour leurs enfants mais aussi les ouvriers ou les gens de passage qui n’avaient pas les moyens de s’offrir le gîte et le couvert et s’en servaient comme monnaie d’échange. Par la suite, la tradition a persisté et les petits chevaux de Dalécarlie sont sculptés par les habitants des villages pendant les longs hivers suédois. On pouvait en trouver sur les marchés dès le XVIIème siècle.
Plus tard sont venus la couleur et les motifs. Le rouge semble apparaître au XIXème siècle, le rouge de Falun étant largement utilisé. Au cours des années 1830, les chevaux ont commencé à être peints avec le motif porte-bonheur appelé kurbits, emblématique de la peinture décorative dalécarlienne, avec ses représentations de grands bouquets imaginaires de fleurs et de feuilles. Inspirés par les peintures des meubles et des murs intérieurs, ils sont venus orner les petits chevaux à la place des harnais, des selles, de la crinière…. Voilà comment est né le dalahäst.
De petit à très grand, une renommée internationale
Dans le passé, les chevaux étaient produits dans presque tous les villages de Dalécarlie. Autour de Mora seulement, il y avait quatre villages réputés : Bergkarlås, Vattnäs, Risa et Nusnäs. De nos jours, Nusnäs est encore considéré comme la Mecque de la production. Il ne reste dans le village que deux grands fabricants, Grannas et Nils Olsson.
Mais comment la bestiole s’est-elle fait connaître hors de ses frontières régionales ? Le dalahäst doit sa notoriété internationale à sa présence devant le pavillon de la Suède lors de l’exposition universelle de New York en 1939. Il faut dire qu’il mesurait 3 mètres ! Depuis, le succès ne s’est jamais démenti. Mais le plus grand cheval du monde se trouve aujourd’hui en Dalécarlie, plus précisément à Avesta, et mesure 13 mètres de haut et 12,8 mètres de long, avec un poids total de 66,7 tonnes. Cependant, cette variante n’est pas en bois comme ses petits frères et sœurs, mais elle possède une ossature en acier avec une coque en béton projeté. La couleur rouge traditionnelle et les motifs, cependant, sont exactement les mêmes.
La fabrication de tout un symbole
L’artisanat du dalahäst est encore bien vivant. Chaque cheval est sculpté et peint à la main. Au moins neuf personnes différentes contribuent à créer un cheval. La fabrication commence par un bloc de bois sur lequel est tracée la silhouette du cheval qui est ensuite confiée à des artisans chargés de la sculpter à la main. Elles sont sont ensuite envoyées à l’atelier où elles sont immergées à trois reprises dans de la peinture pour la couleur de fond. Le bois utilisé étant généralement du pin, il sèche pendant trois ou quatre semaines avant d’être peint : cela évite qu’il ne travaille et que la peinture se fendille. La couleur de base appliquée, il ne reste plus qu’à peindre les motifs (krusning), tâche confiée à de véritables artistes.
À Grannas, environ 100 000 chevaux sont fabriqués chaque année, vingt pour cent sont exportés. Il est possible de visiter l’usine de chevaux et de voir de près comment se fait la production. Et si vous vous intéressez à l’histoire, le musée de la Dalécarlie à Falun possède la plus grande collection de dalahäst au monde.
Où acheter un dalahäst ?
Aujourd’hui, si vous voulez faire l’acquisition d’un véritable dalahäst, vous pouvez partir en week-end en Dalécarlie pour une visite culturelle et séance shopping local pour l’acheter neuf. Comptez alors un peu plus de 200 kr pour un cheval de 10 cm. En restant à Stockholm, vous en trouvez aussi facilement, ce n’est pas ce qui manque dans les boutiques de Gamla Stan (toutefois attention aux copies « Made in China »!) mais citons la boutique Sol Handcraft qui propose en plus de jolis modèles une vitrine d’exposition avec des chevaux antiques pour se faire une idée. Car vous pouvez préférer l’ancien ! Mais attention, l’artisanat a la cote sur le marché de l’occasion même pour des modèles contemporains provenant de Nusnäs.
Des enchères qui montent…
Oui, le dalahäst peut valoir de l’or ! Les prix grimpent puisque le canasson artisanal est redevenu à la mode… En quelques années, des records d’enchères ont été établis, comme pour la version avec son cavalier vendue pour la coquette somme de 367 530 kr en 2021. C’est le cheval le plus cher du monde ! Le deuxième plus cher a été vendu en 2015. C’était un cheval dit de Boda du XIXème siècle, peint à l’origine en gris-vert avec des taches noires, cédé pour 170 000 kr. Aujourd’hui, des copies en sont faites et vendues via l’association locale de Boda à 450 kr. Les prix pour des chevaux antiques varient selon leur état général et bien sûr les détails : artiste, signes distinctifs plus rares comme les oreilles fendues, décor et patine, état général, taille…
Avoir l’œil sur la bête
Si vous partez à la chasse d’un cheval ancien, vous allez fréquenter les antiquaires, les bureaux d’enchères ou, pour les plus chanceux, les boutiques d’occasion, et peut-être trouver la perle rare sur une étagère de Stadsmission à un prix dérisoire ! Mais comment s’y retrouver ? Chaque cheval est unique, rappelons-le. Le mieux est de connaître ce qui peut lui donner de la valeur, d’examiner les détails et de retrouver son histoire.
L’origine géographique
Selon son origine, votre cheval aura des couleurs et des motifs différents. Définissez s’il s’agit d’un cheval dit de Mora, le cheval traditionnel que l’on trouve actuellement partout, ou s’il s’agit d’un cheval de Ludvik, d’un cheval de Rättvik, d’un cheval de Boda. Par exemple, le cheval de Rättvik est de forme plus plate que le cheval de Mora. Il a été développé dans les années 1950 par l’artisan John Gudmunds, lui-même basé sur un modèle des années 1850. Uniquement disponible en gris, il a des points blancs et des étoiles brunes.
Etiquettes et signatures
Un cheval d’origine est étiqueté avec le nom du fabricant. Si l’étiquette est toujours dessus, elle devrait être sous le ventre. S’il est signé par l’artiste, la signature est sous le ventre ou sous un pied. Si le cheval a été offert à quelqu’un en cadeau, le nom du propriétaire ou la date du cadeau peut figurer sur le cheval, en ce cas, l’inscription est visible sur le côté ou sous le cou.
L’artiste qui se cache derrière
Il existe quelques grands noms d’artistes. Parmi tant d’autres, citons Olof Falk (1885-1948), né à Bergkarlås, en Dalécarlie, qui a sculpté des chevaux dès le plus jeune âge. Après avoir déménagé à Mariestad et être devenu policier, il a continué à fabriquer des chevaux pendant ses loisirs. Vous reconnaissez un cheval Olof Falk par la crinière, la sangle avec des ondes sinusoïdales et la selle qui a des feuilles et une bordure en forme de nuage.
Dans le village de Vattnäs, plusieurs familles sculptaient et peignaient des chevaux. Nisser est la plus célèbre, mais de l’autre côté de la route vivait la famille Hvit. Les chevaux pouvaient être fabriqués dans les années 1940 par l’un des enfants de la famille, Anders, Karl ou Maria. Le nom du père était Per Hvit (1861-1927). De nombreux chevaux de la famille Hvit peuvent être reconnus par un insigne sur leur poitrine.
La famille Olsson à Nusnäs fait partie de celles qui ont développé la fabrication des petits chevaux. La famille était pauvre et les deux frères Nils et Jannes, devaient sculpter des chevaux après l’école. Quand les frères avaient 13 et 15 ans en 1928, ils ont monté un petit atelier. Ils ont contracté un prêt de 400 SEK pour acheter leur propre scie à ruban. Leur mère pleura d’inquiétude en se demandant comment ils pourraient rembourser une somme aussi énorme. Le succès leur a visiblement souri…
La couleur et les motifs
En ce qui concerne la couleur, la plupart des chevaux sont rouge/orange. Les plus anciens sont peints avec de la peinture dite au plomb, à partir des années 1950, ils sont peints avec des peintures à l’huile et à partir de l’an 2000, ils sont peints avec des peintures à l’eau. Les anciens chevaux bleus (couleur de luxe) ont été fabriqués à partir de 1790, principalement à Leksand. Les chevaux blancs les plus anciens datent de 1840. Dès la fin du XXème siècle, les chevaux sont produits dans toutes les couleurs possibles : rose, violet, blanc, or, argent. Mais le rouge orangé domine toujours.
Étant donné que différentes personnes peignent les motifs des chevaux à la main, il y a toujours de petites différences sur les mêmes modèles. Examinez la selle, la bande, la bride, la crinière, les yeux et le licol. Même la poitrine et la queue peuvent être complètement différentes. Le travail peut être plus ou moins fini, tout dépend de l’artiste.
Pour ce qui est de la taille, les grands chevaux ne sont pas fabriqués dans la production quotidienne. Par conséquent, ils sont plus chers même s’ils sont relativement récents. Un grand cheval peut mesurer 50 cm de haut et l’année de fabrication est inscrite sur la poitrine. Pour un cheval neuf, compter environ 6 000 kr.
Les signes distinctifs
Voici quelques petites choses à savoir pour faire l’acquisition d’un dalahäst ancien :
- Oreilles — les oreilles sont-elles fendues ou collées ? Les chevaux plus anciens peuvent avoir les oreilles fendues, et ont été produits entre 1790 et 1950.
- Yeux — un point, une ligne ou un œil ouvert. Chaque peintre le fait à sa manière. Les yeux ouverts sont plus récents.
- Chanfrein — une ligne droite ou plusieurs ? Quelle couleur? Peut être complètement différent selon l’artiste/le fabricant.
- Licol — disponible en plusieurs couleurs, parfois double. Le cou est-il long par rapport au corps ? Alors ce pourrait être un cheval plus ancien.
- Cloche sur le poitrail — pas si courant sur les modèles modernes. Les cloches ont un aspect différent selon qui les a peintes.
- Bridon — a été fabriqué en différentes couleurs, peut être étroit ou large.
- Sangle de poitrine — les motifs et les couleurs varient.
- Motifs — certains chevaux manquent de motifs entre les sangles, aussi bien les modèles anciens que les récents. Mais s’il y a des motifs, ils peuvent aussi être complètement différents.
- Pieds — retournez le cheval et voyez s’il y a de la couleur sous les sabots. S’il est resté brut, il a très probablement été fabriqué avant les années 1950. Ensuite, les fabricants ont commencé à tremper les chevaux dans des bains de teinture et ainsi les « sabots » ont également été peints.
- Sangle ventrale — les motifs et les couleurs varient.
- Garniture de selle — les motifs et les couleurs varient.
- Bas des membres — celui-ci n’a pas de « chaussettes », mais les chevaux bleus et blancs en ont souvent. D’où le nom de cheval « blåbening » (jambe bleue).
- Queue — fabriquée en différentes couleurs. Peut être droite, courbée ou « battante » ou simplement en pointillé.
- Selle — les motifs et les couleurs varient.
- Crinière — peut être solide, avoir des motifs et des couleurs différents et être divisée.
Vous l’aurez compris, le dalahäst, il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses, maintenant à vous de choisir votre monture !
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