Saviez-vous qu’environ 6 % des mots suédois sont empruntés plus ou moins directement au français ?
L’influence française sur la vie culturelle suédoise a été particulièrement importante aux XVIIème et XVIIIème siècles, mais dès l’époque médiévale, des relations se nouent entre les deux pays. Des moines de l’abbaye de Clairvaux et des architectes français arrivent en Suède au cours du Moyen Âge. Dans le sens inverse, des étudiants en théologie venus de Scandinavie poursuivent leur cursus à l’université de Paris pendant les XIIIème et XIVème siècles. Mais ce n’est qu’à partir du XIVème que l’influence française sur la langue suédoise se manifeste, principalement dans le vocabulaire de la chevalerie, par exemple les mots baner (bannière), kär (cher, chéri), äventyr.
À l’époque de la Réforme, ce sont les universités allemandes qui attirent les étudiants suédois. Les termes français empruntés au cours du XVIème, le sont dans les domaines militaire, artistique ou de l’habillement comme alarm, artilleri, bonnet et konterfei (contrefait/portrait).
Pendant la guerre de Trente Ans, les relations politiques avec la France s’intensifient dans plusieurs domaines. La venue en Suède de militaires, d’artistes et d’artisans français, ainsi que les séjours de formation en France des membres de l’élite suédoise, contribuent à renforcer notablement l’influence française, ce qui a une incidence sur le domaine linguistique.
Selon l’estimation des linguistes, environ 6 % des mots suédois sont empruntés plus ou moins directement au français. À partir des années 1640, le français fut utilisé couramment par la reine Christine et par un cercle influent au sein de la cour de Suède, comme en témoignent aussi bien les œuvres littéraires que la correspondance privée, les journaux intimes et les emprunts de cette époque : batalj, alliance, journal, malis. L’orientation francophile de la politique étrangère de la Suède, l’importance attribuée au goût français dans le domaine littéraire et l’influence exercée par la famille royale, constituent quelques-unes des raisons qui contribuent à l’emprunt de mots français.
Le règne de Gustave III voit l’apogée de l’influence française en Suède, plusieurs académies sont fondées sur le modèle français, notamment l’Académie Suédoise, Svenska Akademien. Tant les beaux-arts que la littérature et le théâtre sont marqués par l’empreinte des idéaux stylistiques venus de France. L’influence française se répand dans la bourgeoisie à partir des milieux aristocratiques, tandis que, par le biais de la noblesse provinciale, des mots et des expressions d’origine française sont adoptés par la population rurale tels que annons, byrå, charmant, flottilj, kotlett, placera, supé, talang, terrass, möbel, maskerad, divan, soffa, frisyr, kongress, officiell, jargong, journalist, kastrull, kräm et staty. Cependant, on assiste à des actions visant à limiter l’influence française sur la vie culturelle et la langue suédoises.
La première moitié du XIXème siècle voit le lent déclin de la présence française, même si le roi et d’autres personnalités d’origine française servent encore d’intermédiaires, c’est l’allemand qui se développe en Suède. Voici quelques exemples d’emprunts français du XIXème : ambulans, automobil, bil, blus, chic, gentil, refräng.
De nos jours, le français connaît un certain renouveau, notamment dans les métiers de bouche ; les restaurants et cafés proposent des bouillabaisses, quiches, brioches, gâteaux et baguettes… ou dans les salons de coiffure et boutiques de mode : Fantaisie, La Parisienne, Vogue et même Normal. En revanche, c’est l’espagnol qui a maintenant la faveur des élèves des collèges et lycées suédois dans lesquels le français est toujours enseigné mais en déclin.
Très instructif. Merci.