
La Suède en kit vous propose, dans sa série Kultur’Elles, de découvrir celles qui ont fait l’Histoire de la Suède, des femmes fortes et puissantes, influenceuses de leur temps dont l’empreinte politique, sociétale ou artistique ont marqué et façonné le pays. Elfrida Andrée, première en tout est une compositrice à part dans le paysage musical suédois.
Triple pionnière
Première organiste, premiere télégraphiste, première cheffe d’orchestre, triple pionnière, mais aussi grande activiste militante en faveur des droits des femmes. La Suède ne possède pas de figure musicale majeure comme la Norvège avec Edvard Grieg ou la Finlande avec Jean Sibelius. Néanmoins, comme ses voisins nordiques, la Suède a engendré de nombreux créateurs de très grande qualité qui comptent dans l’histoire musicale scandinave et européenne, une femme, la fougueuse et infatiguable Elfrida Andrée.
Enfance
Elfrida naît à Visby sur l’île de Gotland, le 19 février 1841, au sein d’une famille où la musique tient une grande place. Elle étudie la composition à l’Académie Royale de musique de Stockholm en 1855. Elfrida n’a que 14 ans. Elle hésite entre le piano et le chant, mais se présente à l’examen d’orgue. Elle est la première femme suédoise tout juste âgée de 16 ans, qui obtient son diplôme d’organiste professionnelle et cela déclanche un véritable débat politique au sein de la société encore conservatrice. Aidé par son père, Elfrida s’engage dans un combat législatif visant à obtenir un amendement permettant aux femmes organistes de recevoir des appointements. Les choses bougent sensiblement. Et en 1862, à 24 ans, Elfrida Andrée obtient un poste d’organiste à l’église française réformée.
Militante pour les droits des femmes
Elle s’engage donc pour une nouvelle cause en faveur des droits des femmes et milite pour la reconnaissance des femmes télégraphistes en devenant elle-même en 1863 la première femme suédoise télégraphiste. Elfrida, première compositrice, se distingue dans le domaine de la musique de chambre, une activité traditionellement réservée aux hommes. Il était impensable qu’une femme puisse jouer en public du violoncelle à cause de la position de ses jambes, de la flûte ou du cor à cause de la position des lèvres.
En 1867, elle s’installe à Göteborg, en tant qu’ organiste et directrice musicale de la cathédrale . Elle est ainsi la première femme en Europe à tenir un poste d’organiste au sein d’une cathédrale. Il faudra attendre pratiquement cent vingt ans pour qu’une autre femme accède à un poste de ce type.
Première suédoise cheffe d’orchestre professionnelle à Göteborg durant une bonne trentaine d’années, Elfrida Andrée accéde au rang de compositrice avec une centaine d’œuvres dont un opéra en partenariat avec son amie Selma Lagerlöf, quatre symphonies, beaucoup de musique de chambre, des œuvres pour orgue, de la musique vocale et plus encore.
Membre de l’Académie Royale de Musique
Agée de 38 ans, en 1879, également brillante pianiste, ses qualités sont reconnues et surtout acceptées. Elle devient membre de l’Académie royale de musique, même si elle doit se battre encore et toujours pour jouer ses compositions en public.
Parallèlement à la musique et soutenue par son père, Elfrida développe une haute conscience politique et participe aux luttes des femmes pour l’égalité de leurs droits, en s’engageant dans le mouvement des suffragettes. Elle compose la cantate, Droit de vote pour chœurs, solistes et orchestre, à l’occasion de la Conférence internationale pour le droit de vote des femmes qui se tient à Stockholm en 1911.
Elle s’éteint à Göteborg, le 11 janvier 1929, et avec elle son œuvre tombe dans l’oubli. Elle est peu à peu redécouverte depuis la fin des années 1990.
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