La déprime saisonnière – zut, voilà le printemps !

©Ola Ericson, Image.bank Sweden

C’est officiel, le printemps est arrivé ! Alors que vous devriez vous réjouir de l’arrivée de cette belle saison, voilà qu’en réalité, vous vous sentez misérable, avec un sentiment de dépression, de fatigue et de manque de motivation. Pas de panique, vous êtes tout simplement victime de ce qu’on appelle la déprime de printemps !

 La déprime de printemps, Kesako ? 

Tout le monde connaît le coup de blues du mois de novembre, lorsque les journées raccourcissent énormément, les journées grises se succèdent et les températures tournent autour du zéro pointé. Mais il existe une autre forme de dépression saisonnière qui a lieu, elle, comme son nom l’indique… au printemps.

Au lieu de ressentir un regain d’énergie quand arrive le printemps, certaines personnes connaissent une fatigue extrême, un sentiment d’apathie, des difficultés de concentration, et peuvent être touchées par des infections à répétition. Il est communément admis que 5% de la population suédoise en souffre de manière très prononcée et 15% ressentent quelques uns de ces symptômes: déprime, manque d’initiative, ennui, réduction de leur capacités motrices…

©Ann-Sofi Rosenkvist, Image.bank Sweden

 

Déprime ou dépression ?

La dépression saisonnière est une forme plus légère de la dépression. Elle frappe dans les pays qui se trouvent situés le plus au nord ou au sud de l’équateur, au moins deux fois par an, au printemps et/ou en automne. Les symptômes peuvent durer de quelques semaines à un mois. Chaque individu est plus ou moins sensible au manque de lumière, et par conséquent à la variation de la durée du jour entre les saisons. Cela a sans doute quelque chose à voir avec l’hormone du sommeil, la mélatonine, qui contrôle notre rythme circadien, et aussi avec la sérotonine, un neurotransmetteur qui peut également être affecté par les changements saisonniers. Nous sommes simplement tous différents hormonalement et vulnérables à ce genre de changement, une vulnérabilité gravée dans nos gènes.

 Quand le printemps nous donne le bourdon

Et oui, la neige a fondu, les fleurs annoncent l’arrivée du printemps, les petits oiseaux font entendre à nouveau leur chant mélodieux, les températures ont dépassé le zéro sept jours d’affilée, ce qui, en Suède, annonce officiellement l’arrivée du printemps, mais malgré toutes ces bonnes nouvelles, il est donc concevable de déprimer !

©Anne Donguy

Le thermomètre qui joue au yoyo, les flocons de neige que vous prenez au départ pour une attaque de pollen, et l’envie irrépressible de ranger bonnets, gants et écharpes au risque de perdre vos doigts et vos oreilles ne joue pas en faveur de cette période trouble. La météo du mois de mars oscillant entre soleil radieux et tempêtes de neige donne au terme “giboulées” une toute autre dimension que celle à laquelle vous êtes habitués. Cela vous met dans un état de grande fatigue physique et morale. Le mental est atteint, premier point.

L’équinoxe vernal, ça vous parle ?

Comme vous le savez (ou pas ?), la durée du jour sur une année suit une courbe sinusoïdale, ce qui signifie que le rythme maximal de l’allongement de la journée aura lieu à l’équinoxe vernal, soit autour du 21 mars. Pendant cette période, chaque jour à Stockholm dure entre 5 à 6 minutes de plus (!) que le précédent. Ramené à une semaine, nous gagnons donc plus d’une demi-heure de jour. Et sur la totalité du mois de mars, les jours auront augmenté de deux heures et demi ! C’est pas une bonne nouvelle, ça ? 

Et bien oui et non. Parce que si, à première vue, ce n’est que du bonheur, ce n’est pas l’avis de votre corps, qui doit tout d’abord sortir de sa léthargie hivernale et n’est pas du tout prêt à absorber d’un coup un trop gros shot de vitamine D à en risquer l’overdose. Notre horloge biologique a besoin de se réadapter, elle ne suit tout simplement le rythme effréné des journées qui rallongent si rapidement. Le corps est touché, deuxième point.

©Simon Paulin, Image.bank Sweden

 La latitude en question

Mais alors quoi ? Parce que quand même, Qu’on se le dise, n’importe quel endroit sur la Terre bénéficie exactement du même nombre d’heures de jour chaque année. C’est juste la distribution qui diffère. En Suède, nous vivons simplement à la mauvaise latitude ! Les humains sont conçus pour vivre à l’Equateur. Le corps réclame sa dose de lumière 12 heures par jour, sinon notre moral en pâtit. Notre environnement nous nuit, troisième point.

 Eviter la dépression printanière

Est-ce irrémédiable ? Bien sur que non ! Pour éviter ce gros coup de blues, les Suédois n’hésitent pas à partir au soleil pendant les jours sombres pour éviter cet état mental. Ils savent mieux que quiconque profiter du moindre rayon de soleil. Qui n’a pas croisé cette personne à l’arrêt du bus, le visage tourné vers la lumière et les yeux fermés en train de littéralement boire les rayons du soleil ? 

©Tushar Mahajan, Pexels

Pour éviter le risque de dépression, il est conseillé de rester dehors le plus longtemps possible, de pratiquer une activité physique en extérieur et surtout d’en profiter dès 6 heures du matin, l’effet en étant alors encore plus bénéfique. Prenez de bonnes habitudes, vivez à heures régulières, évitez l’alcool, et réduisez votre stress : cette situation est normale ! On ne sait pas encore si ces dépressions sont plus fréquentes faute d’études scientifiques à long terme mais il est inutile d’aller voir votre médecin. Reposez-vous, prenez du temps pour vous, prenez soin de vous, acceptez cette situation passagère et tout ira mieux dans quelques semaines, lorsque les beaux jours seront installés.

 

D’ici là, guettez le soleil qui joue à cache-cache, n’en ratez pas une miette, et n’oubliez pas, la bonne nouvelle, c’est qu’à partir de maintenant et pour les six mois à venir, les jours seront plus longs que les nuits !

©Peter Lydén, Image.bank Sweden
A propos Anne D 39 Articles
Basée à Stockholm depuis 2008, Anne aime observer ce qui l'entoure, expérimenter (même après toutes ces années !) l'exotisme des supermarchés et évoquer les décalages de la vie suédoise prêtant à sourire ou à réfléchir.

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