On les reconnaît grâce à l’immense triangle rouge apposé à l’arrière de ces véhicules. Qu’ils roulent aux abords des lycées ou à la campagne, les EPA traktor, moyens de transport fabriqués maison, ont le don d’irriter les autres automobilistes. La Suède en Kit revient sur l’historique de cette spécificité suédoise.
Depuis 1975, un véhicule de série «trafiqué» est officiellement appelé, A traktor -tracteur A. Sa vitesse maximale est de 30 km/h et peut être conduit dès l’âge de 15 ans. Depuis que les règles relatives aux EPA traktor ont été assouplies en 2020, on assiste à un véritable boom de ce type d’engins, et environ 50 000 tracteurs EPA circulent désormais dans tout le pays sous forme de véhicules de série bridés ou de petites voitures sans permis.
Un peu d’histoire
Dans les années 1920, faute de mieux, de nombreux agriculteurs suédois transforment de vieux véhicules routiers en tracteurs pour labourer leurs champs. La loi impose que ces tracteurs bricolés maison soient dotés d’un attelage de remorque et d’une surface de chargement agricole, donc sans banquette arrière.
En 1950, des tracteurs agricoles plus modernes deviennent financièrement accessibles mais le traktor EPA connaît une renaissance dans les années 1960 et 1970, lorsque de nombreux jeunes découvrent qu’il est légal de le conduire avant l’âge de 18 ans.
En 1975, il est interdit et remplacé par le tracteur A, plus strictement réglementé, suite à de nombreux accidents.
Bridé à une vitesse maximale de 30 km/h avec un triangle rouge LGF à l’arrière indiquant qu’il se déplace lentement, c’est le « must have » des moins de 18 ans, un permis de conduire catégorie AM, pour cyclomoteur suffit pour conduire un quatre roues .
EPA dunk, à fond la caisse
Familièrement, ces véhicules sont encore appelés EPA traktor, même s’il s’agit en réalité de tracteurs A.
De nos jours, les EPA traktors sont généralement modifiés par des professionnels, mais pas que. Des clubs de mécanique se montent dans les quartiers, permettant aux jeunes de bricoler les moteurs et de customiser des systèmes audio ultra performants, avec caissons de basse bien graves, amplis et hauts-parleurs puissants à décoller les tympans. Plus de 100 voitures et de nombreux jeunes se réunissent, discutent, font la fête et jouent de la musique à fond les baffles lors de rassemblements automobiles en fin de semaine.
Devenu un véritable style de vie et un symbole de liberté pour les jeunes, toute une sub-culture issue de l’ancienne raggarkultur, se développe actuellement autour du phénomène EPA traktor. L’EPA Dunk, est la réponse musicale de la campagne au hip-hop des grandes villes, un punk électronique rural, vulgaire et provoquant, sur le thème de la beuverie et du sexe. Il s’est développé, semi-underground ces dernières années avec de nouvelles idoles telles que Hooja, Bolaget, Rasmus Gozzi, et surtout Fröken Snusk dont la cagoule rose fluo s’impose même dans le paysage musical du Mello, le festival de la chanson. L’artiste masquée, Fröken Snusk, Mademoiselle Vicieuse a pour l’occasion délaissé ses titres évocateurs Rid mig som en dalahäst, « Chevauche moi comme un cheval de Dalécarlie » ou Våt i trosan, « mouillée dans ma culotte » pour une oeuvre davantage grand public.
Adoré des ados mais pas des grands
En raison de leur impact environnemental, vieux véhicules de série sans filtre à gaz d’échappement équipés de moteurs bruyants , les EPA traktors sont controversés, les autorités cherchent à réduire leur développement face à l’augmentation exponentielle des accidents et du nombre croissant de blessés, en vain. Un casse -tête paradoxal pour la police et les assurances auto dans un pays qui ne badine pas avec la sécurité routière.
Face à la recrudescence des incivilités, trois personnes dans le véhicule, stationnement irrégulier, dépassement de la vitesse autorisée, le salut viendra peut-être de la Commission Européenne qui souhaite imposer un permis simplifié obligatoire pour la conduite des A tractor. Affaire à suivre !
Soyez le premier à commenter