Si nous vous recommandions en 2020 des alternatives aux traditionnels Châteauneuf-du-Pape, la Suède en Kit se laisse tenter cette année par une référence abordable, encore facilement disponible dans les rayons de Systembolaget et qui fera honneur à vos belles tables de Noël ou du Nouvel An.
À apprécier avec modération, article destiné à un public âgé de plus de 25 ans.*
L’hiver suédois et ses frimas invitent volontiers à la dégustation de vins rouges capiteux et complexes, parfaits compagnons de la gastronomie hivernale. Que vous invitiez à votre table du gibier, une belle pièce de bœuf ou une cassolette de lentilles beluga aux légumes d’hiver, le vin du mois saura leur faire honneur, digne représentant du sud de la vallée du Rhône et de la mythique appellation de Châteauneuf-du-Pape.
Un vin de messe pontifical
Au XIVème siècle, la papauté, installée à Avignon, choisit Châteauneuf-du-Pape comme résidence d’été. Les sept papes successifs favorisèrent la production du vin et développèrent le vignoble.
Par ailleurs, la rigueur apportée dans les conditions de production du vin est une constante dans l’histoire de ce vignoble, et servira de base à certains points de la législation des AOC. Châteauneuf-du-Pape a été consacré comme la première AOC locale de France dès 1936. (source 1001 dégustations).
L’appellation qui produit environ 12 millions de bouteilles par an est célèbre pour ses grands rouges (mais aussi de délicieux blancs moins connus mais qui valent le détour). On y trouve pas moins de treize différents cépages pour les rouges, même si de nos jours, on utilise principalement le Grenache, le Cinsault, le Mourvèdre, la Syrah, le Muscardin, la Counoise, la Clairette et le Bourboulenc.
Autre particularité locale, les fameux galets roulés qui emmagasinent la chaleur du soleil pour la restituer pendant la nuit.
Xavier Vignon, l’expert aux 34 vendanges
Un des profils régionaux les plus connus de la profession est Xavier Vignon. Ce sympathique picard découvre le monde du vin comme globe-trotter, développant rapidement une impressionnante expérience en enchaînant plusieurs vendanges par an tant dans l’hémisphère Nord que Sud. Œnologue et agronome de formation, il fera ses armes notamment auprès de la célèbre maison champenoise Moët & Chandon puis en Australie.
Ensuite, il travaille comme consultant auprès des producteurs du monde entier, se constituant une impressionnante liste de clients dont 60 % des producteurs de l’appellation de Châteauneuf-du-Pape !
Puis en 1999, il se lance dans la production de ses propres vins « de garage » qui retiennent très vite l’attention des dégustateurs professionnels. Depuis, son domaine s’est considérablement étendu et la réussite commerciale – bien méritée – de ses vins lui permet de tenter des expériences plutôt audacieuses, comme le « Vinarium », un dispositif destiné à faire vieillir le vins en fûts immergés dans un foudre lui-même rempli de vin !
Xavier Vignon cherche aussi à supprimer le plastique des ses chais, expérimentant également des bonbonnes en verres de 220 litres destinées à préserver la pureté du fruit.
Mais son premier combat, c’est de sensibiliser la profession comme les consommateurs aux effets du réchauffement climatique en utilisant les analyses scientifiques des cuvées et en exposant les variations des dates des étapes de maturation de la vigne. L’ensemble de ses vins disponibles sur les étagères de Systembolaget est certifié biologique selon les règles de l’Union Européenne.
Xavier Vignon, Châteauneuf-du-Pape, 2017
Ce Châteauneuf-du-Pape offre un bouquet très nuancé avec des notes de mûres, de myrtilles, de prunes noires et de framboises qui se fondent avec des touches plus discrètes d’épices, de feuilles de laurier et de chocolat noir. La bouche est ronde et complexe avec des notes de mûres, de myrtilles, de fruits rouges, d’épices, de lavande, de cacao et de réglisse.
Ce qui fait la signature du vigneron, c’est la note très finement saline que Xavier recherche et qui signe le terroir. C’est un vin puissant mais fin qui appelle des plats riches, volontiers en sauce. Il se servira à 16–17°C et gagnera à être carafé plusieurs heures avant le service.
L’assemblage est composé de 60 % de grenache, de 25 % de mourvèdre et de 15 % de syrah. Les grapes viennent principalement de la partie nord de l’appellation – pour préserver la fraîcheur du vin – et sont issues de 78 parcelles dont certaines sont vielles de plus de 100 ans et complantées.
À 269 couronnes, c’est un très bon rapport qualité-prix, dont il ne faut toutefois pas attendre la délicate complexité d’un Château Beaucastel vendu certes quatre fois plus cher.
* Conformément à la alkohollagen suédoise kap. 7 §1 : Marknadsföring får inte rikta sig särskilt till eller skildra barn eller ungdomar som inte har fyllt 25 år. Lag (2019:345).
Bravo pour ce bel article et pour tous ces bons conseils mensuels !
Merci beaucoup Kevin, nous sommes ravis de vous avoir comme lecteur !