En août 1993, il y a 25 ans, était inauguré le parlement sami de Suède. C’est aujourd’hui l’organe par lequel les Sames, peuple minoritaire et autochtone comptant 20 000 âmes en Suède, défendent officiellement leur cause.
Le Sámediggi, qu’est ce que c’est ?
Le Sámediggi (en sami) ou Sameting (en suédois), ou encore le parlement sami de Suède, c’est l’organe représentatif des Sames en Suède. C’est en 1989 que la Commission suédoise des questions samies évoque la possibilité d’un parlement sami dans son rapport Samerättsutredningen. Le Riksdag, le parlement suédois, adopte la loi sur le parlement sami (Sametingslagen) en décembre 1992. Les premières élections parlementaires ont lieu en mai 1993 et le parlement est inauguré à l’hôtel de ville de Kiruna par le roi de Suède Charles XVI Gustave le 26 août 1993.
Quelle est sa vocation ?
Le but de la création du Sámediggi, tel que défini dans sa constitution, est « d’améliorer la capacité des Sames à oeuvrer pour une culture samie vivante ». Le parlement est missionné sur les questions couvrant des domaines aussi divers que les activités économiques samies, l’élevage et la gestion des prédateurs, le développement rural, l’urbanisme, l’environnement et le climat, la culture samie et le patrimoine culturel, les savoirs traditionnels, la langue samie et la revitalisation des dialectes samis, la santé et la diffusion de l’information sur le Parlement sami et sur les Sames.
Comment est-il composé ?
Aucune autre administration ne repose sur une telle double articulation : le Sámediggi dépend du ministère de l’agriculture, il est par conséquent lié au gouvernement suédois en place, mais le conseil est élu par le peuple sami. Les élections ont lieu tous les quatre ans. Aux dernières élections de mai 2017, sur les 20 000 Sames de Suède, près de 9 000 ont pu élire les 31 représentants du parlement sami. Ces représentants se rencontrent trois fois par an lors de séances plénières. Le Président actuel, Per-Oloff Nutti, a été entériné officiellement par le gouvernement suédois sur proposition du Sámediggi. En plus des élus, une cinquantaine de personnes travaillent pour le Sámediggi, réparti dans quatre villes : Kiruna, Jokkmokk, Tärnaby et Östersund.
Est-ce un organe d’influence ?
Le Sámediggi n’a malheureusement pas beaucoup de poids : les activités du parlement sami sont régies par le Riksdag par le biais de lois et de règlementations. Il arrive qu’elles soient contradictoires aux aspirations du peuple sami, et donc du conseil élu par les Sames. Le Parlement sami peut être considéré comme une autorité experte des questions samies, mais n’est pas un organe autonome. Il n’a qu’un rôle consultatif. Cependant, c’est grâce à lui que la communauté samie de Suède fait remonter ses revendications jusqu’au gouvernement suédois et les fait connaître de l’opinion publique.
Quelles sont ses limites ?
Les Sames, à cheval entre Norvège, Suède, Finlande, et Péninsule de Kola en Russie, évoluent sur un territoire qui ne se limite pas aux frontières qu’on leur impose. Cependant, ils sont tributaires des lois nationales appliquées à l’endroit où ils vivent. C’est pourquoi il existe non pas un, mais des parlements samis. Attendu depuis longtemps par les Sames de Suède, le Sámediggi est le troisième parlement dédié à leur cause. Le parlement sami finlandais a vu le jour en 1973 et celui de Norvège en 1989. Un Parlement sami de Russie existe depuis 2010 mais n’est pas reconnu par le gouvernement local. Le Sámediggi collabore avec les parlements samis en Norvège et en Finlande par le biais du conseil parlementaire sami (Samiskt Parlamentariskt Råd, SPR), ce qui leur confère à tous trois plus de poids sur les questions qui les concernent.
Pourquoi l’existence du Sámediggi est-elle cruciale ?
Longtemps, les Sames ont été colonisés, discriminés, victimes d’une politique raciale oppressante que bon nombre de Suédois méconnaissent. La création du Sámediggi, c’est pour les Sames le premier pas vers la reconnaissance, l’autonomie et l’autodétermination. C’est la voix d’un peuple minoritaire enfin entendue.
Soyez le premier à commenter