Considéré comme la plus longue galerie d’art au monde (110km !), le métro de Stockholm est doté de plus de 90 stations décorées par des artistes, depuis 1957. Pour ne pas vous perdre dans ce dédale de sculptures, peintures, gravures, bas-reliefs, installations, mosaïques… suivez le guide, et prenez garde à la fermeture automatique des portes !
Ce qui surprend le visiteur, pardon le voyageur, c’est la similitude de certaines stations de métro avec des « grottes ». À partir des années 70, une nouvelle technique de construction plus économique consiste à projeter une fine couche de béton sur la roche et une situation financière plus favorable permet l’intervention des artistes sur ces surfaces. Ils collaborent en amont avec architectes et ingénieurs, dans le but de masquer, maquiller ou détourner ce nouveau décor à la fois fascinant et inquiétant. Chaque station devient alors une oeuvre d’art globale, accessible au plus grand nombre.
#1 : Stadion, la plus onirique
Le décor bleu ciel nous met la tête dans les nuages à 25 mètres sous terre… L’occasion de réaliser un rêve d’enfant : passer sous un arc-en-ciel.
Inaugurée en 1973, la station est décorée par Enno Hallek et Åke Pallarp sur le thème des Jeux Olympiques qu’accueillit le Stadion de Stockholm. Une reproduction de l’affiche de 1912 rend hommage à l’événement tandis que la décoration des artistes reprend les couleurs vives des cinq anneaux olympiques, à l’image du spectaculaire arc-en-ciel épousant la voûte. Dans la station, l’art sert également à indiquer la sortie, grâce aux flèches des sculptures en bois représentant les lettres « M » et « S » (en référence au Stade et à l’école de Musique à l’extérieur), une main et un violon. À noter que Stadion étant l’une des premières « station-grotte » ; la paroi rocheuse est volontairement cachée au moyen de grilles en métal colorées sur les quais.
> Ligne rouge direction Mörby centrum depuis T-Centralen
#2 : Kungsträdgården, la plus spectaculaire
Cette grotte peut paraître grotesque lorsqu’on franchit son pont surplombant un chaos de ruines agrémenté d’une cascade, sous une voûte pseudo-baroque. Si l’ensemble est digne d’un décor kitsch d’hôtel de Las Vegas, chaque élément mérite le coup d’œil tandis que quelques explications historiques viennent compléter la découverte.
En 1977, Ulrik Samuelson imagine un jardin souterrain dont le vert, le rouge et le blanc des motifs symbolisent respectivement les parterres, les allées de gravier et les statues de marbre de Kungsträdgården (autrement dit, le jardin du roi). Dans ce décor haut en couleur, la station se pare de véritables colonnes et statues, vestiges de la richesse passée des lieux — autrefois occupés par le palais Makalös construit au 17ème siècle — et d’autres bâtiments démolis lors de l’aménagement du centre de Stockholm. Éléments plus récents, d’anciens réverbères à gaz côtoient désormais un imposant Dieu de la Guerre à la crinière dorée !
> Ligne bleue direction Kungsträdgården depuis T-Centralen
#3 : Solna Centrum, la plus inquiétante
Revisitant la grotte préhistorique, cette station impressionne par ses parois écrasantes couleur sang et sa fresque d’1 km de long ! En contraste avec le ciel rouge, la verte forêt d’épicéa recèle nombre de surprises témoignant des grandes préoccupations de l’époque en Suède : la destruction de la nature et l’exode rural.
En 1975, apogée de l’ère industrielle, Anders Åberg et Karl-Olov Björk peignent et dépeignent une nature exploitée à outrance par l’homme pour son sol et son bois (déforestation massive, épandage d’insecticide par avion). À renfort de maquettes, les artistes mettent en scène les conséquences dramatiques : paysages de souches, villages abandonnés, rivières polluées, animaux sauvages menacés… Mais la nature résiste, à l’image de cet élan représenté avec humour et ironie dans le dos d’un chasseur à l’affût !
> Ligne bleue direction Akalla depuis T-Centralen
#4 : Thorildsplan, la plus ludique
Dans cette station, les joueurs de Space Invaders, Pac Man, Super Mario Bros ou Donkey Kong peuvent évoluer avec nostalgie dans un immense décor de jeu vidéo des années 70 et 80, naturellement pourvu de tunnels, escaliers et ascenseurs. La nouvelle génération s’amuse de cette mosaïque contemporaine dont les figures sont des fantômes, champignons et cœurs pixellisés…
La station actuelle est le résultat d’un relooking opéré en 2008 à la suite des nombreuses dégradations survenues depuis sa création en 1952. Le nouvel artiste, Lars Arrhenius, répond astucieusement aux exigences modernes d’entretien et de pérennité en proposant une décoration entièrement constituée de carreaux — recouvrant habituellement les stations de métro — de différentes couleurs. Une œuvre ancrée dans la réalité, mais inspirée par la virtualité : le résultat est une incroyable fresque pixellisée glorifiant les icônes des premiers ordinateurs et les héros de jeux vidéo, devenus icônes !
> Ligne verte direction Alvik, Hässelby strand ou Åkeshov depuis T-Centralen
#5 : Rådhuset, la plus mystérieuse
Que représentent ces caisses en bois géantes et cette collection de paniers figés dans la roche ? De quel palais titanesque provient ce reste de colonne ? Cette station est l’occasion de tester l’archéologue et l’historien qui est en vous, mais soyez vigilants, certains vestiges sont totalement fictifs !
En 1975, Sigvard Olsson s’amuse à mettre en scène des fouilles censées évoquer l’histoire de Kungsholmen dans une grotte au rose inspiré des montagnes de l’Atlas ! Paniers du marché médiéval de Kungsholmstorg, caisses en bois servant d’unité de mesure pour le foin, galoches ou encore garde-manger de légumes-racines côtoient un portail en pierre du 16ème siècle que traverse désormais le métro. La base d’une colonne monumentale — les restes de l’usine de tracteurs Bolinders d’après l’artiste — apporte une note décalée et surréaliste à ce musée non conventionnel.
> Ligne bleue direction Hjulsta ou Akalla depuis T-Centralen
Informations pratiques
Pour en savoir plus, parcourez la brochure Art in the Stockholm Metro (en anglais) éditée par SL, ou assistez aux visites guidées gratuites (1 ou 1h30 pour chaque ligne) en suédois toute l’année mais aussi en anglais l’été.
Sources : SL, The Guardian, DN, Slowtravelstockholm
Marrant! moi Je trouve Kungsträdgården très inquiétante avec le nucléaire qui apparaît ici et là!
A noter aussi l’étonnante station östermalmstorg, qui d’un côté présente la mélodie de la Marseillaise, et de l’autre, celle de l’internationale !
C’est un top 5, il y a heureusement d’autres stations intéressantes à découvrir !