Maxida Märak, voix percutante pour la défense de la terre des Sames

Montagnes Akka, Suède
©Hans Olof Utsi/imagebank.sweden.se

Dans une courte vidéo d’Amnesty International, l’artiste activiste Maxida Märak, connue du public français pour son rôle dans la série Jour Polaire (Midnattssol) aux côtés de Leïla Bekhti, prête sa voix et son chant pour évoquer les droits du peuple indigène sami et de son vaste territoire, Sápmi.

Amnesty International et Maxida Märak pour la défense des droits des peuples autochtones

Au coeur de son engagement, toujours très présent dans sa création artistique, l’artiste défend la cause des Sames.

— Le peuple sami a été soumis à des abus pendant des siècles. L’État suédois a volé les terres aux Sames et exploité leurs territoires. Ils ont été soumis à la politique de biologie raciale, convertis de force au christianisme, les enfants placés dans des écoles nomades. Les tambours traditionnels des noaidi, les chamanes samis, brûlés. Aujourd’hui, il ne reste plus que 70 tambours dans le monde, explique Maxida Märak.

Dans ce court spot, Maxida Märak évoque son appartenance au peuple sami. En musique de fond, on entend un jojk qu’elle a composé elle-même. Elle s’attaque à une problématique de taille : la mise en danger du territoire sami par l’industrie minière. Le message délivré par Amnesty International est on ne peut plus clair, net et précis. L’exploitation des ressources naturelles menace la survie du peuple sami. Les activistes et défenseurs des droits des Sames en exigent la fin immédiate.

Des terres samies classées par l’Unesco

Depuis 1996, la Laponie est classée parmi les 1 052 sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Les processus géologiques, biologiques et écologiques qui s’y produisent lui ont valu de figurer dans ce classement, ainsi que la beauté de ses paysages et l’importance de sa diversité biologique. La nature alpine, la taïga suédoise et les tourbières caractérisent et façonnent ce territoire de 9 400 km², brut et sauvage.

Ces terres occupées depuis la préhistoire par la population samie représentent également, selon l’Unesco, l’un des derniers exemples de zone de transhumance où a lieu le pâturage des troupeaux de rennes, et incontestablement le plus vaste et le mieux préservé. Elles sont aussi une preuve vivante du lien exceptionnellement fort unissant l’homme à la nature. Sápmi est au coeur de la culture samie, que ce soit pour l’élevages des rennes ou la chasse, la pêche, l’artisanat et la spiritualité.

Montagnes Akka et Akkajaure, Suède
©Wikipedia / Tobias Klenze / CC-BY-SA 4.0. (https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=36262353)

Sápmi, plus qu’un simple territoire

Pour les Sames, il existe un lien très fort entre l’homme et la nature. Il repose sur un équilibre parfait entre l’utilisation des ressources et les besoins nécessaires à la survie de l’homme. De plus, chaque élément, qu’il soit humain, animal, végétal ou minéral est d’égale importance. La relation entre chacun de ces éléments est de type interactif, les uns dépendant des autres, et il n’y a pas d’échelle de valeurs. L’homme n’y est pas en position dominante, il est simplement un élément du milieu naturel et dépend des autres. Cette conception des relations entre homme et nature est un des fondements de la culture samie.

L’industrie minière au centre des controverses

L’une des plus grandes batailles pour la sauvegarde de Sápmi aujourd’hui se livre par conséquent contre l’industrie minière en pleine expansion. L’extraction minière à grande échelle a lieu dans une grande partie des terres traditionnelles samies. Elle représente une menace directe pour le peuple indigène, au détriment de son environnement, de son mode de vie sami et de ses valeurs culturelles. 

Selon Amnesty International, lors de l’établissement des permissions de conduire des exploitations minières, les droits fonciers samis sont régulièrement considérés comme un « intérêt économique » parmi d’autres, un élément accessoire. La Suède compte parmi les pays qui appliquent les taxes minières les plus basses au monde. Les entrepreneurs peuvent donc exploiter en prenant très peu de risques. Ils n’ont pas d’obligation d’en faire profiter la communauté locale. De plus, les entreprises étrangères partent souvent sans avoir à nettoyer après leur passage et la remise en état de la terre est trop souvent impossible.

Mine de cuivre de Bolliden, Gällivare
©Neta623/Pixabay

Pour Amnesty International, la Suède, critiquée par l’ONU pour ne pas avoir respecté les droits fondamentaux du peuple indigène sami, doit prendre des mesures au plus vite. Les représentants et activistes samis exigent un moratoire sur les nouvelles concessions minières au Sápmi jusqu’à ce que le droit des peuples autochtones au consentement libre et éclairé leur soit accordé en vertu du droit international.

Pendant ce temps, à l’Unesco, on incite les autorités suédoises à poursuivre leur travail avec le peuple sami et à persévérer dans leurs efforts pour la préservation de la faune et la flore de la région. Et à plus long terme, un rapprochement avec la Norvège est espéré, ce qui serait un aboutissement encore plus représentatif de l’âme samie, indifférente aux frontières humaines.

 

Plus d’informations :

Centre d’information sami

Unesco

Laponia.nu

Amnesty international

A propos Anne D 33 Articles
Basée à Stockholm depuis 2008, Anne aime observer ce qui l'entoure, expérimenter (même après toutes ces années !) l'exotisme des supermarchés et évoquer les décalages de la vie suédoise prêtant à sourire ou à réfléchir.

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