Un ballet de danse contemporaine qui pose la question philosophique de l’utilité du meurtre de masse pour le bien de la collectivité – c’est le défi que le chorégraphe belge Wim Vandekeybus relève une deuxième fois en remettant en scène, à Kungliga Operan, son ballet PUUR créé à l’origine en 2005.
Une histoire biblique, universelle
Le chorégraphe belge Wim Vandekeybus (né en 1963) créa le ballet PUUR en 2005, qui fut dansé pour la première fois au festival d’Avignon en France et à Dansens hus à Stockholm. Douze ans plus tard, Vandekeybus re-crée son ballet et cette fois-ci sur la scène du Kungliga Operan. On doit la visite de la compagnie de Vandekeybus, Ultima Vez, à Johannes Öhman, prédécesseur de Nicolas Riche comme directeur de ballet.
Vandekeybus s’est inspiré pour ce ballet d’un tableau peint vu dans un musée de Florence, décrivant des soldats tuant des garçons de moins de deux ans sur l’ordre du roi Hérode, qui espérait ainsi atteindre Jésus dont il a entendu dire qu’il deviendrait roi de Juifs. L’histoire est en fait plus ancienne que la Bible car on la retrouve également dans l’hindouisme, où l’on tua des enfants pour éviter à Krishna de devenir lui aussi « roi ».
Les questions que le chorégraphe pose ainsi à travers son ballet, qui présente également des éléments filmés et théâtraux, sont les suivantes : Est-ce que cela vaut la peine de tuer si l’interêt commun est plus important que l’intérêt individuel ? Si oui, qui décide de quand la limite est dépassée ? Si non, qui porte la responsabilité de la disparition d’une nation entière au profit des quelques individus considérés comme plus importants ? Tant de questions qui résonnent à travers l’histoire de l’humanité (Hitler, Caeucescu, Staline) et encore aujourd’hui (Bashar al-Assad pour n’en nommer qu’un).
La violence mise en scène
Sur scène, le rideau de velours rouge est remplacé par un rideau en tôle ondulée, derrière lequel se révèle un décor minimaliste composé presque uniquement d’une haie en demi-cercle de perches de trois mètres de haut. Les quinze danseurs, onze de la compagnie Ultima Vez et quatre du Ballet Royal de Stockholm, sont vêtus de blanc dans la première partie, puis en noir dans la seconde partie. Ils dansent sur la musique rock et folk alternative de David Eugène Edvards et électroacoustique de Fausto Romitelli. Les mouvements répétitifs, les portés, les pas de deux de danse contemporaine et les courses autour de la scène alternent avec des séquences parlées, pour la plupart en anglais, mais aussi en chinois et une langue slave. Les danseurs/acteurs jouent les rôles des mères, des enfants, des soldats (aussi pères), désormais morts. La violence de leurs relations est sauvage et crue. Mais ce qui manque, c’est l’expression de la douleur de perdre un enfant. La violence exprimée sur scène est une violence du conflit, pas du chagrin.
On ne peut que saluer la performance des danseurs : leur présence physique sur scène, pendant presque deux heures d’affilé sans pause (!) est impressionnante. Mais le ballet en lui-même n’est peut-être pas très accessible pour un spectateur qui ne connait pas l’histoire en amont et qui voit là son premier spectacle de danse contemporaine.
Informations pratiques :
Où ? Kungliga Operan, Gustav Adolfs torg 2, Stockholm. Arrêt de métro Kungsträdgården, sortie Gallerian ou bus 65, arrêt Gustav Adolfs torg.
Quand ? 9, 20, 23, 27 février et 3 et 6 mars. Réservations ici.
Combien ça coûte ? entre 55 kr et 590 kr
Durée : 1h50 sans pause
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