Fjällberget, Böja, Fjellse… pour les non suédophones, les meubles IKEA paraissent illisibles, imprononçables, complètement loufoques et inventés, mais saviez-vous que chaque nom d’article respecte des règles strictes ? Qui se cache derrière Billy, l’étagère best-seller de la marque ? La Suède en Kit vous aide à percer le mystère du géant mondial des meubles en kit.
Issu d’une famille très modeste, Ingvar Kamprad fonde en 1943, à l’âge de 17 ans, IKEA (I et K sont ses initiales , E et A sont les premières lettres du nom de sa ferme et de son village), un commerce de vente par correspondance de stylos, montres, bijoux puis de meubles. En 1956, son obsession pour les dépenses inutiles donne naissance au meuble en kit et fera de son entreprise le numéro un mondial de l’ameublement. Mais le fondateur d’IKEA étant dyslexique, l’écriture des codes formés de lettres et de chiffres pour identifier chaque article lui pose de grosses difficultés. Sa soeur, chargée du marketing de ce qui n’est alors qu’une entreprise familiale, décide de remplacer ce système de références, utilisé par tous les fabricants de l’époque, par des mots et des noms, bien plus faciles à mémoriser.
Cette idée de génie a permis à la marque de se démarquer de ses concurrents… et fait encore son identité aujourd’hui. Chaque article reçoit ainsi un nom, répondant à une logique en fonction de la catégorie de produit auquel il appartient, et respectant également quelques principes de base :
- un nom d’article doit avoir au moins quatre lettres, et jamais plus de douze.
- les noms proviennent du vocabulaire et de lieux suédois, mais aussi norvégiens et danois.
- les noms ne doivent pas choquer phonétiquement lorsqu’ils sont prononcés en dehors de ces trois pays : en France, l’armoire baptisée du prénom scandinave HAKON se transformait malheureusement en « armoire à con » dans la bouche des clients…
La terminologie IKEA
Petit guide pratique pour s’y retrouver et améliorer sa culture scandinave :
- vous travaillez avec des bureaux et chaises aux prénoms suédois de garçons, mais décorez votre intérieur de rideaux et tissus aux prénoms de filles. Un peu machiste/sexiste Ikea ?!
- l’univers de la salle de bains : des cours d’eau et lacs de Suède.
- le mobilier de jardin : des îles suédoises.
- les sofas, fauteuils, canapés et tables à manger : des villes ou lieux suédois. STOCKHOLM est ainsi très bon pour le dos… grâce à ses nombreux coussins.
- les lits et armoire : des lieux en Norvège comme le lit KONGSFJORD, du nom du port de pêche situé au nord du cercle polaire arctique.
- les draps et couettes : des fleurs et plantes. La housse de couette FÄRGMÅRA s’appelerait en français « aspérule des teinturiers ».
- les tapis : des lieux au Danemark.
- les accessoires de cuisines : des poissons, des champignons et des mots « descriptifs » comme le saladier BLANDA , signifiant « mélanger ». Enfin une appellation logique !
- meubles d’enfants : des mammifères, des oiseaux et des mots descriptifs tel le marche-pied FÖRSIKTIG, signifiant « prudent ».
- bols, vases, bougies, bougeoirs : des lieux en Suède, des épices, des fruits, des baies, des aromates et des mots descriptifs. La bougie chauffe-plat GLIMMA, se traduit par « lueur » en français.
- luminaires : des mots du domaine de la musique. La lampe de table FADO, dont le nom est emprunté aux chants mélancoliques portugais, ne ravira pas vos oreilles mais vos yeux.
- boîtes, décorations murales, images, cadres, horloges : des mots d’argot suédois, des lieux en Suède. La photo encadrée de Paris a ainsi pour nom BJÖRKSTA, un village appartenant à Västerås, cinquième plus grande ville de Suède !
L’histoire de Billy
En 2009, soit trente ans après sa création, 41 millions d’exemplaires de l’étagère la plus célèbre avaient été vendus. Une bibliothèque BILLY est vendue toutes les cinq secondes dans le monde… mais qui est donc Billy ?
En 1979, Billy Liljedahl, alors chargé du catalogue au sein d’IKEA se plaint auprès de son patron, Ingvar Kamprad, de ne pas trouver de meubles pour les livres dans la collection. L’étagère iconique, simple, robuste, modulable et pas chère, voit ainsi le jour en 1979 des mains de Gillis Lundgren, designer de la marque depuis 1953, sur sa serviette de table ! Son créateur décide de la baptiser Billy en hommage à son collaborateur, et le meuble reste à ce jour le seul article ayant une signification propre, échappant à la terminologie IKEA. Les autres bibliothèques ont pour noms des métiers scandinaves.
Une légende urbaine se cache d’ailleurs le fait que des noms danois ont été choisis pour les tapis !
Merci pour ces explications, Fabrice !
Le catalogue IKEA peut donc servir pour des idées de prénom si on attend un enfant, pour des idées d’escapade en Suède, en Norvège ou au Danemark si on veut changer d’air, pour des idées de style musical à écouter et de test d’intégration pour les étrangers pour savoir si on a bien acquis la langue et la culture, c’est-à-dire si on sait distinguer les noms communs et les noms propres et ce qu’ils signifient, indépendamment de l’objet IKEA qui y est rattaché. ?