Depuis l’année dernière et jusqu’à septembre prochain, la station de métro de Slussen expose des dessins de l’artiste suédoise Liv Strömquist, des dessins qui ont fait parler d’eux dans la presse suédoise et internationale, de part leur iconographie : la petite tâche rouge à l’entrejambe en est la cause.
La plus grande galerie d’art du monde
On a l’habitude de qualifier le métro de Stockholm comme la plus grande galerie d’art du monde, car chaque station est ornée d’œuvres d’art permanentes sous forme de fresques, de sculptures, de mosaïques. Mais le département artistique de SL travaille aussi avec des expositions temporaires, appelées Konstväxlingar. Dans ce cadre, on peut actuellement voir des dessins en noir et blanc à Slussen et à Fridhemsplan, des œuvres en couleurs à Gärdet et à Zinkensdamm, des photographies à Mariatorget, de l’art vidéo à Skanstull, tandis qu’à Odenplan sont exposées des installations d’étudiants sortant d’écoles suédoises d’art et de design.
Liv Strömquist, auteure de bandes dessinées
La série de dessins, à l’origine à l’encre de Chine, de Liv Strömquist, intitulée The Night Garden, fait régulièrement parler d’elle dans les médias. L’artiste (née en 1978 à Lund) est une auteure de bandes dessinées qui, depuis ses début en 2005, a publié six livres, dont certains sont devenus des pièces de théâtre. Quatre de ses BD ont même été traduites en français, aux éditions Rackham : Les Sentiments du prince Charles (2012, réédition corrigée en 2016), L’Origine du monde (2016), Grandeur et décadence (2017) et I’m every woman (2018).
Ses dessins remettent souvent en question le pouvoir, sous différentes formes. Les sujets qu’elle aborde touchent au féminisme, à la société de classes, au néo-nazisme — une critique de la société non sans humour ou ironie.
Les règles encore tabou ?
Certains des dessins actuellement visibles à Slussen montrent des femmes faisant du patin à glace ou assises par terre, les jambes écartées, et… montrant une tâche de sang, tâche d’autant plus visible qu’elle est la seule touche de couleur sur ces dessins en noir et blanc. Nombreux sont celles et ceux qui trouvent l’art de Liv Strömquist « dégoûtant ». L’artiste y est habituée : elle sait que le sujet des règles est tabou, alors que c’est un phénomène on ne peut plus naturel, vécu par la moitié de la population mondiale une fois par mois.
Liv Strömquist veut, par l’intermédiaire de son art au style relativement simple, normaliser les menstruations ; d’ailleurs un des dessins porte la légende : « It’s Alright (I’m Only Bleeding) » – « Tout va bien (je saigne juste) ». Et elle ne comprend pas que cela puisse encore, au XXIème siècle, choquer les gens. Les réactions sont pourtant la preuve bien tangible que les femmes ont honte d’aborder le sujet, que les hommes sont mal à l’aise, et que les parents ne savent pas comment réagir aux questions de leurs enfants. Les Sverigedemokrater quant à eux veulent remplacer l’art de Liv Strömquist par des reproductions de peintures du XVIIIème siècle représentant Stockholm. L’art peut selon eux choquer, mais pas dans le métro. Ni dans la rue non plus, à en croire les réactions au pénis bleu géant de Carolina Falkholt.
Pour ceux qui maîtrisent le suédois, la pièce de théâtre Liv Strömquist tänker på dig! sera de nouveau jouée sur Lilla Scenen, la Petite Scène, du Dramaten les 12-13 et 25 mai, puis les 2-3 et 5-6 juin. Billets disponibles ici.
Articles de presse en français : BFMTV, Konbini, Paris Match, Slate.
Re-lisez notre article sur les 5 plus belles stations de métro de Stockholm.
Je trouve ces portraits d’une rare vulgarité emblématique de notre époque et ne comprends pas comment une société accepte d’une part l’exposition d’une telle obscénité et d’autre part laisse des petites filles d’à peine 7 ans se faire imposer le voile islamique (tout en se prétendant à la pointe sur l’égalité des rapports homme-femme)…
J’ai d’ailleurs été choqué en cherchant du travail de voir proposer une question demandant au candidat s’il n’avait pas de problème à exercer un emploi où l’on côtoie des collègues masculins comme féminins.
POur en revenir au sujet; les règles n’ont rien de tabou, c’est juste une chose personnelle qui n’a rien de râgoûtant, pourquoi vouloir l’exhiber ? A ce moment faisons des expositions sur la diarrhée ou bien les furoncles…