La Suède est souvent prise en exemple pour son accueil des jeunes enfants. Mais à quoi ressemble une journée type dans un dagis ? Que font les plus jeunes pendant que leurs parents travaillent ? La Suède en kit s’est immergée au dagis pour vous.
Un accueil matinal en douceur
Il est 7h15. Thor, 18 mois arrive au dagis (ou förskola = crèche et maternelle regroupées) d’un pas décidé. Celui-ci est particulièrement grand, il rassemble 4 groupes 1-3 ans et 5 groupes 4-6 ans. Il y a déjà plusieurs enfants qui ont pour certains été accueillis dès 6h. En Suède, un dagis a l’obligation d’être ouvert sur une amplitude de 12 heures, voire plus (il y en a même qui le sont 24h/24 pour les parents qui travaillent de nuit). Dans les moyennes et grandes structures, il y a 2 groupes, les 1-3 ans et les 4-6 ans. Pour pouvoir y laisser son enfant plus de 15 heures par semaine, il faut que les deux parents (s’ils ne sont pas séparés) travaillent ou soient étudiants. L’école n’est obligatoire qu’à partir de 6 ans en förskolaklassen, transition entre le dagis et l’école pour préparer les enfants à la « grande » école.
Linda accueille Thor en l’appelant par son prénom et en lui tendant son livre préféré. Il est très important que l’enfant se sente le bienvenu et en sécurité. Pour appuyer ses paroles, elle utilise même quelques signes, que les enseignants apprennent ainsi que les enfants, pour pouvoir communiquer facilement avec ceux qui n’ont pas encore acquis le langage, ainsi que les mal-entendants.
Un univers familier
Le dagis ressemble à une maison. Un hall d’entrée pour déposer chaussures et manteaux (comme dans les demeures suédoises, on ne rentre jamais avec ses chaussures), puis plusieurs pièces pour les différentes activités : construction, dessin, jeux de rôles, déguisements, lectures, salle à manger… Les enfants peuvent choisir leurs activités au gré de leurs envies, de leur développement.
À plusieurs endroits, des dessins pour pouvoir pointer du doigt les émotions du moment : joie, tristesse, colère, fatigue, etc. Sur un des murs, un petit reportage-photo sur les activités faites les derniers mois.
Il est 9h, tout le monde s’assied alors en rond sur le tapis de la salle de construction pour la distribution de fruits. Un des petits élèves est désigné pour porter le plateau, ce qu’il fait fièrement.
Puis c’est un moment de jeux libres, l’un part faire des gâteaux en pâte à sel, l’autre prend les voitures et fait le tour de la pièce en vrombissant, une autre construit des maisons avec des blocs aimantés. Le mercredi, la salle de gymnastique leur est réservée. Tout le petit groupe peut donc aller courir, tomber, sauter, grimper sur les agrès et gros matelas. C’est en général un moment très apprécié.
Récré, repas, sieste à l’extérieur, jeux
Vers 10h, tout le monde dehors, quel que soit le temps ! Les éducatrices habillent les enfants de manière adaptée (d’ailleurs, les Suédois disent qu’il n’y a pas de mauvais temps, seulement de mauvais habits) et c’est la course pour aller dévaler le toboggan, faire de beaux pâtés de sable, se rouler dans la boue, faire de la balançoire. Parfois, ils enfilent des chasubles fluo au nom de l’école pour partir vivre des aventures dans les bois et découvrir la nature.
Il est maintenant 11h, l’heure de manger. Chacun choisit une place autour des tables et une éducatrice sert les plats. Les plus petits essaient d’utiliser des couverts ou mangent avec leurs mains. Mais bizarrement tout se passe dans le calme, même s’il faut souvent changer de vêtements après le repas.
Puis, l’estomac plein, il est l’heure de la sieste. Chacun rejoint sa propre poussette car ils vont dormir… dehors ! Jusqu’à -10°C (de température ressentie), le repos se fait en plein air afin de limiter le risque infectieux. Commence alors le bal des poussettes puis lorsque les yeux se ferment enfin, elles sont rangées à l’abri de la pluie, sous surveillance du personnel. La durée de la sieste est fonction des besoins de l’enfant et de la demande des parents.
Quand tout ce petit monde est réveillé, ce sont de nouveaux des activités, à l’intérieur ou à l’extérieur, selon la luminosité.
L’heure des parents
Peu à peu, dès 14h, en fonction de leurs horaires de travail, les parents viennent chercher leur progéniture, un compte-rendu détaillé de la journée leur est fait. Ils peuvent même aller voir sur une application dédiée les dernières activités décrites quasiment chaque jour.
Thor, pour sa part, resterait bien jouer encore un peu…
Durant cette journée, nous en avons profité pour poser quelques questions à Agneta, éducatrice.
Quelles sont les exigences au sein d’un dagis, que ce soit tant au niveau de la formation qu’au niveau de ce qu’on y pratique ?
Il y a deux types de formations pour travailler au dagis : förskolelärare (professeur de pré-école -3,5 ans post « bac ») et barnskötare (assistante- 1 an de formation).
Pour ce qui est des exigences de l’enseignement, tout est regroupé dans le läroplan för förskolan dont la dernière mouture date de 2018. Les grandes lignes y sont tracées, axées sur la découverte, les compétences sociales, la tolérance, l’apprentissage par le jeu, la confiance en soi, la sécurité intérieure, l’adaptation aux différences — que ce soit un handicap, une langue maternelle différente … — le respect, la curiosité, la nature, la joie ; mais les dagis choisissent de quelle manière ils les appliquent.
Les Suédois ont-ils des habitudes particulières en ce qui concerne les dagis ?
La plupart des enfants arrive souvent tôt, vers 6h30-7h et repart vers 16h-16h30. Et l’engagement parental est très égal ! On rencontre aussi bien les papas que les mamans. Les dagis accueillent les petits dès 12 mois mais l’âge le plus répandu pour commencer est de 15 mois.
Vous travaillez en dagis depuis 1998, avez-vous perçu une évolution du métier ?
Au niveau de l’enseignement, pas vraiment, il y a de petites précisions et des modifications régulières, mais pas de grands changements. Par contre, les élèves plus grands (4-6 ans) respectent de moins en moins le personnel.
Concernant le respect, les méthodes d’éducation bienveillante font polémique en France et la Suède est parfois considérée comme le pays de l’enfant roi, y voyez-vous un lien ?
(Elle rit) : Non, je pense que cette diminution du respect vient surtout du fait qu’on a des groupes d’enfants plus grands qu’avant et qu’on a moins de temps à consacrer à chacun. Des enfants rois il y en a, mais ça dépend vraiment des familles, comme partout.
Bonjour,
Combien d’adultes pour combien d’enfants y a-t-il dans le dagis que vous connaissez ? Est-ce que vous pouvez aussi estimer le nombre de mètres carrés qu’il y a par enfant ?
Merci beaucoup pour cet article qui décrit bien l’ambiance dans laquelle évolue l’enfant.
Bonsoir Sylvie, 3 adultes pour 11 enfants et 120 m2 environ pour 11 enfants.
Bonjour,
une petite question concernant la fiscalité. Existe-t-il une déduction d’impôt quand au fait d’inscrire un enfant en dagis, comme à la française avec les crèches ?
Merci pour cet article. Il m’a donné un aperçu de ce que mon enfant va bientôt vivre dans 2 mois.
Bonjour,
Non cela n’existe pas. La förskola ne vous coûtera cependant presque rien, car le montant de l’allocation versée par enfant (quel que soit le revenu des parents) couvre souvent presque entièrement le coût du dagis (s’il est communal).
Bonne installation.
Bonjour,
Tout d’abord je tenais à vous remercier pour votre blog qui est extrêmement riche et instructif ! Nous pensons nous installer en Suède dans quelques mois et le consultons très régulièrement (la plupart de nos questions ont une page dédiée sur votre blog !).
Petite question concernant les dagis : est-il facile d’avoir une place pour les enfants (nous habitons actuellement en région parisienne et cela a été la croix et la bannière pour avoir une place !) ? L’année scolaire est-elle organisée comme en France (2 mois de vacances d’été, rentrée en septembre notamment).
Merci par avance pour votre réponse !
Godnatt !
Bonjour, merci pour votre appréciation concernant La Suède en Kit !
Concernant les dagis, les choses sont bien plus simples qu’en région parisienne car les communes suédoises ont l’obligation de fournir un place de « förskola » aux parents qui en font la demande (« platsgaranti » en suédois).
Les parents font la demande via le site de la commune avec une liste de choix par priorité et un établissement vous sera attribué dans les quatre mois si votre enfant a plus de douze mois. Notez que ce ne sera pas nécessairement un de votre liste mais cela peut-être potentiellement n’importe quelle förskola de la commune. Aussi nous vous recommandons de vous renseigner au préalable directement auprès des établissements convoités pour savoir s’il est réaliste ou pas d’y obtenir une place.
Mieux vaut choisir vous-même une förskola plus loin de chez vous mais où vous savez que votre enfant aura une place que de ne mettre que des förskolor où la queue des frères et soeurs en attente d’admission et qui ont la priorité est déjà longue. Quelques explications sur le site de la commune de Stockholm par exemple.
L’année scolaire est moins précisément définie qu’en France car les communes organisent en général un accueil permanent des enfants quand les parents travaillent, y compris en été et pendant les vacances des écoles primaires. Dans ces derniers cas il est fréquent que les enfants de plusieurs förskolor soient regroupés dans un seul établissement.
La pratique est cependant que vos enfants ne sont pas à la förskola quand les parents sont en congés, ce qui veut dire souvent cinq à six semaines en été (grâce au reliquat de congés parentaux) et une coupure pour les fêtes de fin d’année. Si vous avez des enfants plus grands, les vacances scolaires (höstlov et sportlov) sont fixes mais ni les écoles ni les förskolor ne sont pas fermées aux enfants de parents qui travaillent durant ces périodes. La rentrée se fait plus volontiers mi-août que début septembre. Pour les nouveaux enfants, le « inskolning » ou période d’introduction a le plus souvent lieu en janvier et mi-août mais cela est très flexible.
À noter que si vous êtes en recherche d’emploi ou en congé parental, les horaires sont souvent réduits. Explication par exemple pour la commune de Nacka.
Bonjour,
En venant de France avec une grosse expérience avec les enfants et un CAP Petite enfance, on peut y travailler?
Merci pour cet article