Chaque année, et ce depuis 1921, Liljevalchs, la galerie d’art moderne de la ville de Stockholm, organise Vårsalongen, le « Salon du printemps », qui consiste en une exposition ouverte à tous les artistes, amateurs et moins amateurs. Comme l’an dernier, l’exposition hors les murs de Liljevalchs, qui est en cours de rénovation, a lieu dans un local en plein centre-ville entre Gallerian et Kulturhuset. Vous avez jusqu’au 5 mars pour aller admirer ces oeuvres, qui sont également en vente.
Dans ce local, au sol en béton et aux murs recouverts de planches en bois peintes en gris, 295 oeuvres de 127 heureux élus (sur 2 505 candidatures) sont exposées, choisies par un jury composé des artistes Ernst Billgren, Charlotte Gyllenhammar et Magnus Uggla, et présidé par le directeur de Liljevalchs, Mårten Castenfors. La popularité du Vårsalongen ne cesse d’augmenter : d’environ 30 000 visiteurs en 2007 à plus de 83 000 l’an dernier, l’exposition attire un public d’âge et d’horizons très variés.
Paraphrases artistiques
Plusieurs œuvres du Vårsalong s’inspirent de l’histoire de l’art, telle la Bacchanale d’après une œuvre de Titien conservé à la National Gallery de Londres, exécutée par Susanne Larsson (née en 1966), en céramique glacée.
Alexander Erixson (né en 1969) aborde avec humour les grands noms de l’art moderne et pose la question de sa valeur en réinterprétant à sa façon Klein, Fontana et Magritte.
Lars Walinger (né en 1955) remonte encore plus loin dans le temps avec ses portraits de Fayoum en granulés de caoutchouc, ceux qu’on utilise sur les pistes de courses. L’utilisation de ce matériau l’oblige à travailler à la manière des pointillistes, car c’est seulement en s’éloignant de ses portraits sculptés que les couleurs se mélangent.
Bo Ek réinterprète une célèbre gouache d’Anders Zorn montrant une femme et son fils se baignant nus. Bo Ek y a ajouté des spectateurs (voyeurs ?), tous masculins, l’un d’entre eux figurant Magnus Uggla, un des membres du jury du Vårsalong !
Slussen
Le Slussen tel qu’on le connait est en train de disparaître, mais plusieurs artistes l’ont immortalisé sous forme de peinture réaliste et nostalgique, comme Erika Canohn (née en 1979), qui réussit à merveille à capturer l’ambiance un peu glauque du lieu.
…ou encore Caroline Jensen (née en 1960) qui a immortalisé dans une série de trois photomontages le projet OMSTart Slussen 2015 qui avait rassemblé 13 graffeurs (Amara Por Dios, Ruskig, Ångest, Caroline Falkholt, Erse, Fits, Gouge, Ikaroz, June, Kim Demåne, Nug, Ola Kalnins et Rolf Carl Werner) autour du bâtiment rond de Kolingsborg (aujourd’hui détruit). L’art graffiti étant par essence un art éphémère, en couvrir un bâtiment voué à la destruction était une idée géniale.
Le travail du bois
Marie Eklund (née en 1974) taille le bois depuis trois ans. Lorsque son pommier fut renversé par une tempête l’an dernier, elle récupéra un morceau de bois qui, pour elle, ressemblait à un pantalon. Elle lui sculpta une paire de pieds, et le tour était joué : une sculpture belle de simplicité était née !
Germund Lindunger (née en 1965) a créé trois t-shirts à manches longues à rayures à l’aide de plusieurs planches de contreplaqué, peintes en bleu et en blanc, taillées et agencées les unes aux autres tel un puzzle.
Fadric Ruiz-Lindberg (né en 1987), né d’une mère suédoise et d’un père catalan, a grandi en France, avant de venir en Suède et de rentrer à l’école d’ébénisterie de Carl Malmsten. Au cours de l’été 2013, il a rejoint Barcelone depuis Göteborg, en vélo, en passant par le Danemark, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et la France. En 2015, il refit le même trajet, mais cette fois-ci en traversant la Finlande, les pays baltes, la Pologne, l’Allemagne et la Suisse. Ces voyages lui ont fait réévaluer la notion de proximité, ce qui se reflète dans son œuvre représentant un vélo en marqueterie et qu’il a nommé Närhet.
La broderie
Depuis quelques années, les œuvres textiles et brodées sont devenus monnaie courante au Vårsalongen. Siv Salomonsson (née en 1936) présente cette année deux tableaux textiles représentant l’un la gare de Gällivare, l’autre le château de Teleborg à Växjö. Elle utilise des tissus colorés, à motifs, des boutons et des perles, et crée une illusion tout à fait picturale.
L’œuvre la plus importante pour moi cette année est celle d’Ulla Andersson (né en 1942), qui a brodé à la main sur une longue nappe en lin blanc différentes scènes historiques et plus actuelles illustrant la place de la femme dans la société : une véritable histoire du combat pour l’égalité des sexes.
Si vous n’avez pas la possibilité de vous déplacer, vous pouvez suivre une visite guidée par Mårten Castenfors ici:
Informations pratiques
Où ? Liljevalchs, locaux temporaires à Malmskillnadsgatan 32, métro T-Centralen
Quand ? jusqu’au 5 mars 2017, lundi—jeudi de 12h à 20h et vendredi—dimanche de 11h à 17h. Introduction de 20 min, gratuite, tous les jours à 13h et 15h.
Quel prix ? 20 kr, payable par carte.
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